*Document ci-dessous extrait du rapport du Groupe d’Ă©tudes « Condition animale », prĂ©sidĂ© par LoĂŻc Dombreval, Bien-ĂŞtre Ă©quin, recommandations pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 https://mediatheque.ifce.fr/doc_num.php?explnum_id=26799&fbclid=IwY2xjawEDJFpleHRuA2FlbQIxMAABHWrJX0A4g1DMT_p5WgDjHXy8Ft6QK0fH9Of1RTf4s4Gl5SwkbngfjvH9Kw_aem_YEEDxpm7IeXw6kuhjdDECg
« Le dressage
De très nombreuses voix de cavaliers, de collectifs et d’association de défense des animaux s’élèvent de façon croissante pour dénoncer l’hyperflexion de l’encolure imposée aux chevaux, pourtant nocive médicalement et en termes de bien-être.
L’hyperflexion est une attitude, imposée par les mains du cavalier ou par un enrênement, où le cheval a l’encolure enroulée, le chanfrein en arrière de la verticale. Cette attitude n’est pas naturelle, perturbe l’équilibre, la vision, la respiration du cheval et induit un stress et souffrance physique. Les études menées ces 15 dernières années concluent à un manque d’effet sur la performance (74 %) et à une nuisance sur le bien-être du cheval (88 %) et ces pourcentages augmentent encore au vu des études les plus récentes, comme celle de Kienapfel sortie en novembre 2021.
Les effets négatifs de l’hyperflexion sont documentés :
-restriction du champ de vision,
-blocage du balancier tĂŞte-encolure,
–rĂ©duction consĂ©quente du diamètre du pharynx,
–importantes difficultĂ©s Ă respirer et Ă avaler,
–mâchoire entravĂ©e,
-manque de relâchement,
–signes d’inconfort et de comportements conflictuels,
–perte de rebond,
–hypersoumission,
-résignation acquise,
–diminution de la capacitĂ© d’apprentissage du cheval,
–traumatismes, notamment de la rĂ©gion nuchale et du ligament nuchal et une rĂ©duction considĂ©rable de la mobilitĂ© en rĂ©gion lombaire,
–compression des corps vertĂ©braux et des disques intervertĂ©braux,
–augmentation du cortisol (stress),
–blocage de la respiration,
–modification de la mĂ©canique du dos et des pathologies du membre antĂ©rieur et des pieds,
–circulation sanguine de la langue entravĂ©e par la pression du mors (langue bleue).
De plus, les chevaux dont l’entraînement est basé sur l’hyperflexion, montrent une dénaturation des allures, notamment une perte de diagonalisation dans le trot, le passage et le piaffer. Le pas se latéralise. Ils sont incapables de tenir un arrêt correctement, ni de garder la nuque en point le plus haut de l’encolure ; l’encolure se « casse », la 2ème ou 3ème vertèbre devient le point le plus haut dans les allures et exercices rassemblés. Souvent, ces chevaux peinent à maintenir le chanfrein devant la verticale pendant les épreuves de dressage.
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Le chanfrein doit toujours être en avant de la verticale quel que soit le type de travail demandé :
- – en haut, une extension d’encolure est juste si l’encolure est étendue, la nuque ouverte, le chanfrein restant en avant de la verticale ;
- – en dessous, dans la mise en main, l’attitude juste est la nuque le pointle plus haut, le chanfrein sur ou devant la verticale.
L’hyperflexion par contre est toujours nĂ©faste et se retrouve sous diverses appellations :
– à gauche, le LDR (Low/Long, Deep and Round, en français « bas et rond ») ;
– au milieu, le rollkur, qui est la forme extrême d’hyperflexion ;
– à droite, un cheval de haut niveau pendant une épreuve de dressage, présentant une autreforme d »hyperflexion, qu »on appelle aussi « enfermé » ou « encapuchonné ».
L’ISES, société internationale de la science équestre, dispose de toutes les connaissances scientifiques (d’anatomie, de locomotion, de physiologie, de comportement) pour se positionner légitimement : elle met de l’ordre dans la sémantique en nommant hyperflexion toute position du chanfrein en arrière de la verticale. Ainsi, l’ISES recommande que la FEI donne toujours priorité à ses réglementations qui stipulent que le chanfrein doit toujours être maintenu sur ou en avant de la verticale.
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Schéma de l’hyperflexion (ISES)
En 2010, suite aux pressions du public et des scientifiques, notamment de l’ISES, la Fédération Équestre Internationale a interdit le rollkur dans son règlement.
La FEI, elle-mĂŞme, Ă©crit explicitement dans ses orientations : « la nuque est le point le plus haut, le chanfrein est en avant de la verticale » (…) « le cadre du cheval doit pouvoirs’étendre dans les allures moyennes et allongĂ©es ». Elle estime que le retrait du chanfrein derrière la verticale tĂ©moigne d’une action de mains trop forte, ou d’un entraĂ®nement incorrect.
La FFE est aussi en accord avec le fait que le chanfrein ne doit pas être en arrière de la verticale et dans sa version de 2020, on retrouve bien « le chanfrein en avant de la verticale » ou son corollaire « la nuque le point le plus haut » dans toutes les définitions : la rondeur, le contact, la mise en main.
Pour la FFE, les indices d’un bon contact sont : « un cheval qui vient avec confiance sur la main avec le chanfrein restant en avant de la verticale, une bouche décontractée, une nuque perméable, une encolure qui adapte facilement son attitude en fonction de l’amplitude des allures ».
Et pourtant bien que tout le monde semble s’accorder sur la nocivité de l’hyperflexion pour le cheval, cette pratique est toujours utilisée à tous les niveaux de compétition.
Aux derniers Jeux Olympiques de Tokyo, une cavalière russe a tiré si fort sur la mâchoire qu’elle en faisait avancer sa selle, en se servant des gros taquets de sa selle. Ces taquets qui deviennent de plus en plus gros alors qu’ils étaient quasiment absents des selles de dressage auparavant, sont une invention de la « génération rollkur » : ils servent à quadrupler la force que les cavaliers peuvent exercer sur les rênes.
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Les cavaliers tirant fort et longtemps sur les rênes, le mors de bride fait garrot et la langue devient bleue. On voit également des lésions au niveau des commissures des lèvres et des barres.
Exemple de langue bleue observée en compétition
La Suisse a déjà légiféré sur le sujet et pris position contre l’hyperflexion qui constitue un délit interdit par la loi depuis 2014 pour sa pratique à l’entraînement ou en compétition https://gefa-asso.com/cheval-au-travail-reperer-les-signes-de-mal-etre/
Recommandation n° 31
Appliquer l’interdiction d’infliger, intentionnellement ou non, une souffrance ou un inconfort inutile, une attitude exagérément contrainte.
Interdire la flexion de l’encolure plaçant le chanfrein en arrière de la verticale dans toute l’enceinte olympique (« hyperflexion ») et appliquer des sanctions à effet immédiat pour l’ensemble des disciplines équestres. »