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Cheval au travail : repérer les signes de mal-être

Cheval au travail : repérer les signes de mal-être Posted on 14 novembre 2024Leave a comment

À l’heure de la prise de conscience du bien-être animal, comment pouvons-nous, amateurs et professionnels :

-repérer les signes de mal-être de notre/nos équidé(s) ?

-arrêter d’utiliser l’hyperflexion et de trop serrer la muserolle ?

-agir dès maintenant en modifiant nos comportements pour respecter le bien-être de nos équidés ?

Cette publication est le fruit de plusieurs articles, d’un travail de plusieurs heures. Si vous l’utilisez comme support d’une de vos publications, merci de citer les différents auteurs ainsi que le GEFA*. 

IRepérer les signes de mal-être

La Fédération Suisse des Sports Equestres a créé un cahier des charges répertoriant les différents critères d’observation pour les délégués techniques : https://www.fnch.ch/Htdocs/Files/v/6046.pdf/Reglemente/cdpflichtenhefttdf.pdf?download=1

Pourquoi ne pas utiliser ces critères pour repérer le mal-être de nos équidés ?

Ces critères se divisent en trois parties :

  • Éthiquement correct : pas d’intervention
  • Attitude frappante : à surveiller
  • Incorrect : intervention immédiate
Criteres-dobservation-des-chevaux-FSSE

II-Trois fonctionnements à proscrire

Patrick Galloux, ancien écuyer du Cadre noir et Isabelle Burgaud, vétérinaire sur la clinique du site de Saumur, ont publié plusieurs articles sur :

  • La muserolle trop serrée
  • L’hyperflexion
  • L’extension d’encolure LDR

A-« La muserolle : la serrer une habitude contre nature« ?

« Tous les avis, qu’ils soient vétérinaires ou scientifiques, concordent sur la nuisance du serrage abusif des muserolles ».

« Le serrage de la muserolle induit :

👉une gêne physiologique :

  • Un frein à la respiration causé par la pression importante sur le nez et sur le chanfrein;
  • Une altération de la circulation sanguine, par la compression des vaisseaux de la tête;
  • Une impossibilité à déglutir (avaler), qui se manifeste souvent par une forte production de salive;
  • Une impossibilité d’exprimer sa douleur ou sa peur et même sa décontraction (Doherty, 2017);
  • Une augmentation du stress;

👉 Une gêne physique :

  • Des suros sur le chanfrein, des lésions cutanées sur les joues;
  • Des blessures (ulcères) dans la bouche si elle est mal entretenue (surdent);
  • Sur la mise en main : une gêne à la fermeture de la nuque par la suppression du mouvement de la mâchoire (rostrocaudal);
  • Sur la locomotion : des répercussions sur la mobilité du bassin et l’engagement-propulsion des postérieurs.

Ifce-équipédia, « La muserolle : la serrer une habitude contre nature » par Patrick GALLOUX et Isabelle Burgaud https://equipedia.ifce.fr/infrastructure-et-equipement/materiel/la-muserolle-la-serrer-une-habitude-contre-nature

Quelle muserolle utilisez-vous ?

Muserolle Pull-back avec noseband

Comment ajuster correctement la muserolle ?

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Proéminence de l’extrémité de l’os nasal (flèche bleue) et position de l’arête de l’apophyse zygomatique (rond orange) qui conditionnent la position de la muserolle © I. Burgaud

« La muserolle doit être placée à deux doigts sous l’apophyse zygomatique, hors la muserolle croisée qui, dans sa forme « haute », doit être placée deux doigts au-dessus de l’arête. Cette distance est nécessaire pour ne pas irriter l’arête de l’apophyse. Toutefois, l’attention des cavaliers est attirée sur la longueur de la tête des chevaux et sur la fragilité de l’extrémité de l’os nasal qui devrait les inciter à considérer la distance de deux doigts comme une limite maximale.

Une enquête de Doherty (2017) sur 3400 chevaux montre que la muserolle est placée entre 0 et 7 cm au- dessous de l’apophyse zygomatique, au lieu des deux doigts préconisés (3-4 cm).

Le serrage de la muserolle a toute son importance quand on sait que la force exercée peut atteindre 95 N (~ 9kg) d’après Doherty (2017) ou la pression sur le chanfrein de 1500 g/cm2 (étude EQUITRENSE® par EQUIMERO®). Cassez (2013) rappelle que, chez l’homme, des pressions entre 270-540 g/cm2 sont associées à des dommages sur les nerfs et d’autres complications ».

Sans jauge :

2 doigts verticalement sous l’auge
1 doigt sur le coté de l’auge, sous l’os latéral

2 doigts à plat sur le coté du chanfrein
2 doigt à plat sur le chanfrein

Avec une jauge :

Pour lire les articles complets par Patrick Galloux et Isabelle Burgaud:

Ifce-équipédia https://equipedia.ifce.fr/infrastructure-et-equipement/materiel/la-muserolle-choix-emploi-et-serrage?tx_web2pdf_pi1%5Baction%5D=&tx_web2pdf_pi1%5Bargument%5D=printPage&tx_web2pdf_pi1%5Bcontroller%5D=Pdf&cHash=50c61b0a80705ab7d665bf1754d344ac

Webconference : https://www.ifce.fr/wp-content/uploads/2020/09/Webconférence-la-museroll-et-son-serrage-P-Galloux-I-Burgaud-15-09-20.pdf

Ifce-équipédia https://equipedia.ifce.fr/infrastructure-et-equipement/materiel/la-muserolle-la-serrer-une-habitude-contre-nature

Que disent les fédérations : FFE et FEI ?

Réglement FFE : Art 7.5 Hanarchement  : « La muserolle est ajustée sans serrer, c’est-à-dire permettant le passage de deux doigts sur le côté entre la muserolle et le cheval. Un serrage excessif est considéré comme un mauvais traitement et peut être éliminatoire ».

« L’évolution de la réglementation

En 2016, la FEI retire de son règlement l’espacement de deux doigts pour le serrage de la muserolle. Son argument était que la mesure était trop peu précise pour être appliquée au paddock par les stewards en charge lors d’un contrôle physique avant et après les compétitions. Cette décision a fait l’objet de débats dans la communauté puisqu’elle a semblé répondre aux seules attentes des compétiteurs qui souhaitaient garder une latitude sur le serrage des muserolles.

Sur la pression du public et des pratiquants soucieux du bien-être des chevaux, après la publication de plusieurs études scientifiques, des fédérations nationales reprennent à leur compte l’ancienne réglementation. En juillet 2018, la Fédération équestre de Nouvelle-Zélande décide d’interdire les muserolles trop serrées en dressage. Elle est suivie en 2019 par les fédérations danoise et néerlandaise qui imposent un espace de 1,5 cm entre le chanfrein et la muserolle (~ 2 doigts horizontaux). Suite à cette évolution réglementaire, Visser (2019) observe que 54% des cavaliers approuvent la réglementation et 62% pensent qu’elle améliore le bien-être du cheval. La Suisse impose un contrôle avec une jauge.

Dans son règlement 2021, dont la mise en application est fixée au 1er septembre 2020, la FFE prend plusieurs mesures en faveur du bien-être animal, notamment pour les épreuves de dressage : « La muserolle est ajustée sans serrer, c’est-à-dire permettant le passage d’un doigt entre la muserolle et le chanfrein. Un serrage excessif est considéré comme un mauvais traitement et peut-être éliminatoire ». On peut penser que des dessins préciseront au steward les conditions de la mesure (au-dessus ou en-dessous du chanfrein) et qu’une cale sera recommandée, l’épaisseur d’un doigt étant sujette à interprétation ». IFCE : « La muserolle : choix, emploi et serrage » par Patrick Galloux et Isabelle Burgaud.

https://www.ffe.com/system/files/disciplines/REGLEMENT_GENERAL_2024_version_de_travail_applicable_au_04.09.2023_4.pdf

Conclusion : Pensez à desserrer vos muserolles de plus de deux doigts ! La largeur des doigts étant différente selon les individus, pensez à utiliser une jauge.

B- L’hyperflexion :

L’hyperflexion « est une technique d’hyper-soumission, à base de flexions et d’un ramener exagéré », qui provoque de nombreuses nuisances sans pour autant avoir montré des avantages sur la performance sportive. Photos : IFCE « L’hyperflexion, une attitude (une habitude?) à proscrire? ».

Claire Poulain Thèse, 2018 « ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE : ARTHROPATHIES DES VERTEBRES CERVICALES DU CHEVAL » « L’objectif principal de l’entrainement du cheval athlète est d’obtenir un cheval bien équilibré en harmonie avec le cavalier évoluant sans douleur, de façon déliée. La position de la tête et de l’encolure semble être une aide pour atteindre cet objectif. Néanmoins, certaines disciples peuvent aboutir à des pathologies au niveau des cervicales par des forces anormales sur un cartilage au départ sain. Le Rollkur est le terme désignant la position en hyperflexion de la tête et de l’encolure du cheval. Elle a été créé en 1992 par le Professeur Heinz Meyer. Il s’agit de demander au cheval de garder son encolure enroulée et le nez proche du poitrail. Cette technique a été longtemps utilisée chez les chevaux de dressage puis s’est répandue dans toutes les disciplines. Mais, cette position forcée d’hyperflexion augmente les contraintes ostéo-articulaires et ligamentaires. Le travail du cheval avec cette attitude provoque la fermeture des foramen intervertébraux ce qui est douloureux pour le cheval. Les contraintes augmentées sur le ligament nuchal peuvent aboutir à une desmite d’insertion du ligament nuchal sur l’occiput. Au niveau des cervicales basses, de l’arthrose des processus articulaires entre C5 et C6 et entre C6 et C7 est fréquente. De plus, les ganaches du cheval sont resserrées, le larynx est tellement compressé que son diamètre et celui de la trachée en sont réduits, ce qui peut entraîner des bruits respiratoires voire un essoufflement. La position de la tête réduit le champ de vision du cheval, situation stressante pour un animal proie. Cette méthode peut ainsi aboutir à des douleurs cervicales mais peut également conduire à une résignation de la part du cheval. Ainsi une fois le cheval résigné, le cavalier n’aura plus besoin de la force ; le cheval ne sera plus un partenaire mais agira uniquement dans la soumission. La méthode du Rollkur est une méthode alliant domination psychique et physique sur le cheval ».

L’hyperflexion provoque des conséquences et de potentiels risques à plus ou moins long terme :

1°) Une restriction du champ visuel (vue latérale réduite, gêne occasionnée )

2°) Une diminution des capacités respiratoires. « Les ganaches du cheval sont resserrées, le larynx est tellement compressé que son diamètre et celui de la trachée en sont réduits, ce qui peut entraîner des bruits respiratoires voire un essoufflement » Claire Poulain.

3°)Des douleurs dans la bouche

4°)Une perte de décontraction ( fouaillement de queue, oreilles en arrière, bouche figée ou ouverte)

5°)Une incompréhension dans l’apprentissage ( moindre sensibilité aux demandes de ralentissement, action simultanée et contradictoire le cheval ne comprend pas)

6°)Des lésions du ligament nucal

« Les anomalies en région nuchale sont caractérisées par plusieurs types de lésions :

– une entésopathie crâniale du ligament nuchal. On observe des remodelages et des remaniements osseux de la protubérance occipitale externe ou des fragments osseux au sein du ligament nuchal. Chez un cheval qui ne tolère pas cette lésion, on observe des défenses au travail, une raideur cervicale ou in intolérance aux enrênements contraignant la nuque et l’encolure.

– une entésopathie du tendon du muscle semi-épineux. Les remodelages osseux sont situés dorsalement à la protubérance occipitale externe.

– une bursite atloïdienne. Cette lésion s’illustre par des remaniements osseux dorsaux à l’atlas ». Claire Poulain Thèse, 2018 « ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE : ARTHROPATHIES DES VERTEBRES CERVICALES DU CHEVAL« 

Pression sur les cervicales C1 et C2 et sur le ligament nuchal

7°)Des dégénérescences des disques intervertébraux. « Le travail du cheval avec cette attitude provoque la fermeture des foramen intervertébraux ce qui est douloureux pour le cheval » Claire Poulain.

8°)Des inflammations dans l’encolure et les ganaches

Que disent les fédérations : FFE et FEI ?

Règlement général FFE Art 1.5 lutte contre les atteintes au bien-être du cheval : « Le maintien au delà de quelques minutes d’une attitude exagérément contrainte ».

Règlement FEI : « Règlement à l’intention des commissaires de paddock : abus et maltraitance- LDR (long, deep and round) est accepté sauf s’il est utilisé excessivement ou d’une manière prolongée (hyperflexion de la nuque). C’est un danger quand il est copié par des cavaliers peu expérimentés. C’est une ligne très fine entre entraînement et surentraînement ».

Seul le Long and low est autorisé par la FEI (vert).

Quelques liens :

Ifce-équipédia,Patrick GALLOUX, Isabelle Burgaud : « L’hyperflexion, une attitude (une habitude) à proscrire? » Article : https://www.ifce.fr/wp-content/uploads/2020/06/Hyperflexion_une_attitude_a_proscrire_-_P_GALLOUX_-

Webconference:_2_juin.pdfhttps://www.ifce.fr/ifce/connaissances/webconferences/equitation/l-hyperflexion-une-attitude-a-proscrire/

Ifce-équipédia,Patrick GALLOUX : « MONOGRAPHIE SUR LA PRATIQUE DE L’HYPERFLEXION ET DU ROLLKUR » https://equipedia.ifce.fr/bibliotheque/3._Guide__pocket_et_autres_pdf/3.5_Autres_pdf/Monographie-sur-le-Rollkur-et-l-hyperflexion-Plateau-technique-de-Saumur-ifce-12-mai-2020.pd

Thèse de Claire Poulain :« ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE : ARTHROPATHIES DES VERTEBRES CERVICALES DU CHEVAL » https://oatao.univ-toulouse.fr/21844/1/Poulain_21844.pdf

Wikipedia : Rollkur, Hyperflexion de l’encolure https://fr.wikipedia.org/wiki/Rollkur

C-L’extension d’encolure : « mythe, réalité et dérives »

Ifce-équipédia, Patrick Galloux : « L’extension d’encolure- mythe, réalité et dérives »:

https://equipedia.ifce.fr/equitation/disciplines-olympiques/dressage/lextension-dencolure-mythe-realite-et-derives

Seul le Long and low est autorisé par la FEI (vert) : le cavalier maintien le chanfrein à la verticale

III- Agir pour respecter le bien-être de nos équidés

Nous avons tous, un jour, été maltraitants par ignorance, par certitude ou par rupture de vie.

Aujourd’hui, la science et le bon sens évoluant vers le bien-être animal, nous pouvons tous ensemble faire évoluer la condition des équidés.

Comment ?

  • En nous informant
  • En observant notre équidé. A t-il ?
    • une attitude générale souple ou contractée ?
    • la nuque le point le plus haut ou l’encolure cassée ?
    • l’oeil vif ou apeuré ou éteint ?
    • les oreilles en avant, en arrière ou sur les côtés ?
    • la bouche : souple ou contractée, grince t-il des dents, sort-il la langue ?
    • une bouche sans lésion, ou avec un/des ulcère(s) et/ou des surdents ?
    • des naseaux normalement ouverts ou très agités ?
    • une respiration calme ou bruyante et/ou saccadée ?
    • un dos souple ou contracté ?
    • une queue souple ou collée ou qui fouaille ?
  • En se faisant aider par un vrai professionnel respectueux et compétent

Nous pouvons demander à être filmés ou travailler devant des miroirs afin d’observer notre équidé et utiliser le document de la Fédération Suisse des Sports Équestre. C’est un bon support pour avancer dans le bon sens !

Pensons le bien-être du cheval et agissons ensemble

*Cette publication est le fruit de plusieurs articles, d’un travail de plusieurs heures. Si vous l’utilisez comme support d’une de vos publications, merci de citer les différents auteurs ainsi que le GEFA. Notre association a but non lucratif a pour objet d’informer et de sensibiliser, nous sommes des bénévoles, il est important que notre mobilisation soit diffusée et reconnue. Nous pourrons ainsi être entendus par ceux qui prennent les décisions. Merci. 

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